Isabelle DAGUE

Il me plaît de croire que je suis née avec une plume à la main, attendant que l’enfant que j’étais se décide à coucher les mots sur les premières pages de mon existence. J’étais une petite fille trop rêveuse, dotée d’une sensibilité à fleur d’âme, puis une adolescente noyée sous une vague de romantisme à la fois éclatante et douloureuse, se laissant consumer par un idéalisme chargé d’invraisemblances. Émergeant de cette chrysalide marquée par les souffrances, la femme que j’étais, blessée, souvent ignorée et méprisée, a emprunté le chemin de l’indifférence. Des blessures aux cicatrices ancrées dans mon cœur, des douleurs aux naufrages toujours inévitables, en proie à une hypersensibilité méprisée, je ne pouvais que sombrer dans les profondeurs de mon être. Symbole du rejet, emblème de l’incompréhension, reflet d’une méfiance avérée, je continue d’exister, avançant dans ma vie, implorant la résilience de ceux qui n’ont pas vécu, endurant la sève sans jamais avoir le droit de la savourer.