Sentinelle des confins, écrit par Philippe HEURCELANCE

Je marche dans les herbes qui frissonnent au vent de mer, je déambule dans ma verdure secrète où naissent tant d’idées étranges, toute une imagerie des confins qui sont autant de grimoires que je déchiffre à l’heure de l’étude, et qui ne manquent pas de revenir me visiter pendant mon sommeil où la conscience hésite à juger du réel et du rêve. La poésie n’est autre qu’une invincible nostalgie des temps pré-rationnels, où le souffle de l’aède se mêlait au vent des hauteurs quand les murmures épars se cristallisaient en beaux hexamètres. Or, par extraordinaire, certains de nos contemporains, en proie à ces agitations, à ses tourments existentiels, au sein même de la géhenne quotidienne, en appellent à quelque chose qui devrait être impossible, quelque chose d’indéfinissable par les « mots de la tribu », quelque chose d’irréductible aux approches rationnelles patentées, un je ne sais quoi qui se fait jour, émerge des eaux tempétueuses, et se nomme « espérance ». Ne nous y trompons pas : c’est un mystère qui, par nature, ne relève pas des sciences classiques. C’est comme une goutte de Ciel logée au plus profond du composé humain, en de telles profondeurs qu’elle est restée préservée des soleils torrides de nos déserts, ne s’est pas évaporée, et a perlé comme une larme d’âme.